« Il y a 1 an, on était 20 salariés et aujourd’hui on est 40 avec environ 10 lieux à Bruxelles ».
Camille a rejoint Communa il y a 5 ans et nous explique le parcours de cette ASBL : de l’idée à la concrétisation en passant par la gouvernance de leur organisation atypique !
Favoriser l’usage transitoire des bâtiments vides
Communa c’est une asbl qui s’engage pour une ville plus abordable, plus démocratique, plus résiliente et plus créative et qui s’est donné pour mission de créer des lieux temporaires, pour transformer la ville à long terme. En effet, Communa facilite l’usage transitoire des bâtiments vides pour permettre à des initiatives de logement et des projets à finalité sociale de trouver des espaces pour se développer. Au sein de ces occupations temporaires, la rencontre des personnes, les synergies de leurs projets et le mélange de leurs publics permettent l’expérimentation de nouvelles manières de penser, de faire et de vivre la ville.
Qu’est-ce qui a été le point de départ du projet ?
L’idée de départ de Communa vient d’un groupe de copains, inspirés par la vie en communauté après un voyage en Israël. L’idée émerge entre eux et ils découvrent ensuite l’outil de l’occupation temporaire avec la Convention qui permet de faire ça légalement en Belgique. Ils se rendent alors compte de tous les bâtiments vides existant à Bruxelles et la motivation de plusieurs personnes à rejoindre le projet soit pour y habiter soit pour développer des projets dans des espaces inoccupés. À ce moment-là, ils découvrent tous les potentiels qui existent et c’est comme ça que Communa va se lancer.
Quel a été le point de bascule ? Le moment où l’envie de créer un projet concret est arrivée?
Le moment de bascule va être l’envie d’en faire son travail, son métier, de se rémunérer, d’en vivre et de pouvoir se dédier entièrement au développement du projet. Un autre point de bascule a également été la confiance accordée par le pouvoir public à ce petit groupe, notamment lorsque la commune d’Ixelles a proposé La Serre, un espace de logement. Cela a été un tournant pour le projet.
Vous êtes ensuite accompagné par COOPCITY via le programme BLOSSOM, qu’est-ce que cela vous a apporté dans le développement de votre projet ?
Cela ne faisait pas très longtemps que j’étais dans Communa lorsque l’on a rejoint COOPCITY et je ne connaissais pas beaucoup l’économie sociale et solidaire. Cela m’a permis d’en apprendre davantage sur l’économie sociale, mais aussi de faire “un saut” en termes de compétences, de vision de projet, d’ambition de développement.
Cela m’a également permis d’avoir des connaissances sur le plan entrepreneurial : construire un projet, avoir des outils de gestion, réfléchir à notre impact, etc. J’ai également participé à différentes sessions, notamment celle sur “l’évaluation d’impact”. Cela m’a permis de me sensibiliser et de me poser les bonnes questions : “ à quel besoin est-ce qu’on répond ?”, “est-ce qu’on y répond de la bonne manière ?” et j’y repense encore souvent. J’ai aussi participé à une session avec un coach en modèle économique, ça m’a vraiment aidé, car je suis graphiste de formation donc je n’avais pas toutes ces notions économiques. C’était vraiment fou pour moi d’avoir ces connaissances et cette opportunité d’en apprendre plus.
Je recommande assez souvent l’accompagnement de COOPCITY dans les lieux où je travaille et j’y fais souvent référence. C’est vraiment un cadre bienveillant, nourrissant, de soutien, qui aide à se développer. J’ai d’ailleurs toujours le sentiment de faire partie de la communauté. Chez COOPCITY, il y a du réseau, du lien avec les gens. On garde aussi un certain lien via notamment le groupe Facebook où il y a un vrai travail de mise en lien et de partage de ressources. Il y a aussi différents liens informels très chouette : j’ai beaucoup aimé les relations humaines, les personnes que j’ai rencontrées là-bas.
Comment a évolué le projet aujourd’hui ?
Il y a 10 ans, 5 copains fondent Communa, aujourd’hui 3 d’entre eux sont encore dans le projet. De mon côté, j’arrive il y a 5 ans et demi et je suis la troisième personne à l’époque à rejoindre ce petit groupe. Il y a 1 an, on était 20 salariés et aujourd’hui on est 40. On a grandi très vite ! Aujourd’hui, il y a environ 10 lieux à Bruxelles.
Quelle gouvernance pour une organisation qui grandit si vite ?
Un fonctionnement horizontal qui s’organise par cercles : on essaye de décentraliser un maximum de décisions pour que ce soit vraiment les personnes qui sont concernées et qui ont l’expertise qui puissent prendre leur propre décision. Pour tout ce qui concerne les décisions stratégiques ou la vision, on crée des espaces auxquels on peut tous et toutes participer (les mises au vert par exemple). On prend beaucoup de temps pour ça et on a toujours gagné en efficacité. Petit à petit, les gens se sont vraiment approprié le projet, c’est assez fou. Très tôt, j’ai d’ailleurs considéré que c’était mon projet. Il y a une motivation collective d’être au service du projet, d’incarner Communa, c’est vraiment une force et les bénéfices de cette gouvernance sont incroyables.
Quels sont vos prochains défis et projets ?
De manière générale, on a tendance à ouvrir plein de projets car on est nombreux avec plein d’ambitions ! Évidemment, on ne peut pas tout faire en même temps, c’est l’une des leçons de ces dernières années : faire moins, mais mieux, c’est tout aussi chouette. L’un des prochains défis sera d’ouvrir une nouvelle fois la question de l’égalité salariale parce que pour le moment on est tous et toutes payés de la même manière. Chacun d’entre nous a le statut de salarié et on a une égalité salariale peu importe l’expérience et l’ancienneté. Cependant, on a du mal à embaucher pour certains postes, car la rémunération sur le marché est beaucoup plus élevée. Ce n’est pas la première fois qu’on est face à ce problème de recrutement et c’est pourquoi on remet en question cette égalité salariale.
Ce sera donc le prochain gros défi de voir comment cela évolue !