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Comment réduire les inégalités en matière de mobilité ?

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L’année dernière, nous avions organisé une rencontre pour découvrir les différents enjeux de la mobilité bruxelloise et vous aviez été nombreux à proposer des pistes de solution.

Nous avons renouvelé l’expérience en 2021 autour de la question des inégalités en matière de mobilité car il nous semble essentiel de repenser l’accompagnement de personnes en situation de fragilité vers une mobilité douce et durable. C’est ce que nous avons fait en compagnie d’acteurs de terrain inspirants : Pro-vélo, La Fondation Roi Baudouin et le Réseau APREVA des garages solidaires et sociaux en France.

 

Fracture numérique et mobilité multimodale

Les freins d’accès à la mobilité sont multiples : financiers, physiques, liés au genre, culturels ou même cognitifs, c’est-à-dire en lien avec la capacité ou non à utiliser les moyens de transports, à se repérer, à passer le permis de conduire ou à utiliser les nouvelles technologies.

Selon la Fondation Roi Baudouin, les inégalités numériques risquent de renforcer les inégalités sociales dans les domaines de la recherche d’emploi, de la parentalité mais aussi de la mobilité. Il en existe trois formes :

  1. Inégalités d’accès aux technologies numériques : 11% des bruxellois sans connexion Internet et 29% des familles précaires ne sont pas connectées ;
  2. Inégalités relatives aux compétences numériques : 300 000 bruxellois sont en risque d’exclusion numérique, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de compétences pour faire ce qu’on attend d’eux sur Internet ;
  3. Inégalités liées à l’utilisation des services essentiels : 55% des personnes avec des faibles revenus n’ont jamais fait de démarches administratives en ligne, 1 belge sur 3 n’est pas capable de lire les horaires des transports en commun en ligne.

L’inclusion numérique n’est pas une finalité en soi mais renforcer l’accès au numérique de ces personnes pourraient réduire, entre autres, l’usage individuel de la voiture. A l’heure où la mobilité multimodale devient la norme et où de plus en plus d’application smartphone se développent en soutien des services de mobilité (vélos et trottinettes électriques, voitures partagées, etc), il est essentiel que les projets en mobilité vulgarisent les services qu’ils digitalisent pour permettre à ces publics d’y avoir accès.

Pour aller plus loin: depuis 2018, la Fondation Roi Baudouin accompagne et soutient financièrement les acteurs qui travaillent sur la fracture numérique.

 

Pourquoi créer des garages solidaires ? Les freins financiers

La voiture est aujourd’hui devenue un outil indispensable pour l’insertion sociale et professionnelle. Or le coût d’achat ou d’entretien d’un véhicule ne cesse d’augmenter depuis des années et la rend difficilement accessible pour des personnes en situation de précarité. Conséquence : nombreux sont ceux qui doivent renoncer à un emploi ou à une formation faute de pouvoir s’y rendre. Cette problématique est encore plus forte dans les zones rurales ou périurbaines.

Face à cela, des garages sociaux et solidaire ont ouvert leur porte en France, avec pour mission de faciliter l’insertion sociale et professionnelle par la mise en place de solution de mobilité telles que la réparation, la location, la vente de véhicules quatre roues. En plus de prix plus abordables, on peut y bénéficier de conseils et parfois d’ateliers pratiques pour apprivoiser la voiture.

Certains garages ont même une double finalité sociale car ils embauchent des personnes éloignées de l’emploi en leur proposant des parcours d’insertion en tant que mécaniciens dans leur atelier. Ils sont formés par un mécanicien professionnel afin d’offrir un service de qualité.

Les garages solidaires ne sont pas la seule réponse face aux problématiques de déplacement. La plupart d’entre eux travaillent avec des auto-écoles sociales ou des plateformes mobilités qui ont pour vocation de répondre à tous les besoins de mobilité : accès au permis, atelier sur l’orientation, initiation au vélo. Pour encourager un usage raisonné de la voiture, le réseau APREVA a créé une « cagnotte mobilité » : toute personne ayant recours à l’autopartage se voit récompensé de bons de réductions à utiliser auprès d’artisans locaux.

Pour aller plus loin : consultez le guide méthodologique pour créer et développer un garage solidaire  ou contactez l’auto-école sociale de Charleroi.

 

Comment favoriser une mobilité douce non genrée ? Les freins liés au genre

En 2019, Pro-vélo décide de réaliser une étude sur les femmes et le vélo à Bruxelles pour identifier les spécificités et les freins qu’elles rencontrent à la suite d’un triple constat :

  • A Bruxelles, le nombre de femmes représente 36% des cyclistes, il n’existe pas de parité entre les hommes et les femmes ;
  • Les femmes invoquent le risque d’insécurité routière pour justifier le non-usage du vélo et pas les hommes
  • Les itinéraires des femmes et des hommes ne sont pas les mêmes

Les femmes sont confrontées à plusieurs défis :

Défi 1 – Le sentiment d’insécurité routière : gérer sa peur et trouver sa place en tant que cycliste dans le trafic motorisé

Défi 2 – Les conflits avec les autres usagers de l’espace public : trouver sa place en tant que femme cycliste

Défi 3 – L’influence des représentations sociales : le vélo et le corps ou les défis de concilier le vélo avec l’apparence féminine

Défi 4 – La place des responsabilités familiales (course, accompagnement des enfants)

Défi 5 – Le transport de charges et les chaines de déplacements

Pour aller plus loin: exemples de solutions à développer:

  1. Amélioration des infrastructures cyclables et des conditions de cyclabilité :
  • infrastructures larges, sûres, continues, cohérentes et en bon état
  • Visibiliser et légitimer la place du vélo par des aménagements, marquages, signalisations clairs et lisibles
  • Prévoir l’éclairage nocturne, s’assurer d’un contrôle social suffisant
  1. De l’infrastructure aux points d’arrivées : parkings vélo, des casiers, des vestiaires et des douches
  • Parkings vélos, casiers, à proximité des noyaux commerciaux
  • Parkings vélos, vestiaires, douches sur les lieux de travail
  1. De la formation et de l’échange de bonnes pratiques
  • Formation pour diminuer la perception du danger et le sentiment d’insécurité
  • Favoriser l’échange de bonnes pratiques : créer un outil d’information avec des astuces pour les questions spécifiques aux femmes : transport d’enfants, de charges, choix d’itinéraire, choix vestimentaires
  1. De l’information, de la communication et de la sensibilisation
  • Informer sur les types de vélo, équipements pour le transport d’enfants
  • Sensibilisation des vélocistes sur ces questions
  • Campagnes de communication et sensibilisation pour légitimer la place du cycliste, encourager le respect et la courtoisie, promouvoir le vélo et associer le vélo au sentiment de liberté et d’émancipation.

 

Place à l’action

Vous connaissez quelqu’un qui a une idée de projet pour répondre aux enjeux de la mobilité à Bruxelles mais qui hésite à se lancer? N’hésitez pas à partager ce compte-rendu avec elle ou lui!

Vous avez un projet en mobilité et vous voulez tester de nouveaux produits ou services dans un cadre sécurisé ? Vous avez besoin de rencontrer des associés pour développer votre projet?

Contactez charlotte@coopcity.be pour découvrir ce que nous pouvons vous apporter dans le développement de votre projet ou consultez régulièrement notre agenda.

 

 

         Charlotte, Responsable Communauté chez COOPCITY

 

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